L'éléphant républicain : le général Grant avait été réélu président lorsqu'au printemps 1874, un éditorial parut dans le New York Herald le présenta comme un César assoiffé de pouvoirs dictatoriaux et disposé à renverser la règle selon laquelle un président ne pouvait exercer trois mandats successifs.

Cette nouvelle que rien ne venait étayer était destinée à augmenter la vente du journal. Elle se propagea avec une telle ampleur qu'elle effraya les hommes politiques comme les simples citoyens. Le New York Herald lança une autre nouvelle tout aussi fallacieuse. Les animaux de la ménagerie de Central Park s'étaient échappés, écrivait-il et erraient dans les bois, en quête de proies.

Thomas Nast eut l'idée d'en tirer parti et publia une caricature destinée à faire comprendre l'absurdité de l'accusation de dictature portée contre Grant par les démocrates. Le dessin montrait des animaux chacun représentant un journal, un Etat ou une question politique, terrifiés par un âne revêtu d'une peau de lion portant le mot "Césarisme". Le dessin était accompagné de la légende suivante: "Un âne qui se faisait passer pour un lion circule dans la forêt et s'amuse à effrayer tous les animaux stupides qu'il rencontre.

L'éléphant, portant l'étiquette 'Voix républicaines', a peur lui aussi et se précipite vers une fosse piégée recouverte de planches marquées inflation, répudiation, réforme, etc.

C'était, pour le caricaturiste, un moyen de se moquer avec bonne humeur de son propre parti, énorme, mais pusillanime. Quinze jours plus tard, après les élections marquées par la défaite des républicains. Nast illustrait cet échec en montrant le même éléphant tombé dans le piège tendu par les démocrates.

Source cnrs.fr

L'âne démocrate et l'éléphant républicain étaient nés. Bel leçon d'autodérision des ambitions politiques de tout bord